Wisdom to Action (W2A) est un cabinet-conseil queer à vocation d’entreprise sociale qui travaille avec des organismes gouvernementaux et à but non lucratif ainsi qu'avec d'autres entreprises pour favoriser des changements positifs et renforcer les communautés. La Society of Queer Momentum (ci-après, Momentum) est une organisation à but non lucratif dont le mandat est d’accélérer les avancées en matière de justice sociale et de genre pour les personnes 2SLGBTQIA+. Depuis son lancement en 2023, Momentum a participé à plusieurs campagnes de sensibilisation en réponse à la montée de la haine anti-2SLGBTQIA+. Momentum et W2A, en collaboration avec LGBT+¹ Rights Ghana et le Centre for Engagement and Girls Interaction (Malawi), se sont associés pour un projet intitulé « Prévenir et lutter contre la violence basée sur le genre (VBG) envers les jeunes 2SLGBTQIA+ en utilisant l'art militant ». Le projet est financé par Affaires mondiales Canada par l'intermédiaire du Fonds Agir ensemble pour l'inclusion (AGIRI) géré par Equitas. Le projet est axé sur le renforcement du pouvoir des jeunes à travers l’art militant. En travaillant sur ce projet, nous avons beaucoup appris sur l'engagement auprès des jeunes queer et trans du monde entier afin de sensibiliser à la prévalence de la VBG. En offrant aux jeunes des rôles de leadership dans l'organisation de ce projet, nous avons beaucoup appris sur ce à quoi peut ressembler l'engagement du public lorsque le travail est fait par la communauté, pour la communauté.
Le projet a été créé pour aider à prévenir et à lutter contre la VBG envers les jeunes 2SLGBTQIA+ grâce à l’art militant. À travers cette collaboration, le projet a cherché à créer des réseaux de solidarité entre les jeunes et les organisations au Canada et dans les pays du Sud. Travailler avec des organisations internationales était un aspect important de ce projet, car les lois du Ghana et du Malawi criminalisent encore les relations entre personnes de même sexe à ce jour. (ILGA, 2020). L'exclusion sociale des jeunes et les inégalités, notamment fondées sur le genre, ainsi que les abus sexuels et l'exploitation, constituent des vulnérabilités majeures au Ghana. Malgré les pressions exercées par les organisations de défense des droits humains du Malawi, les impacts de l'étude de 2017 de la Commission des droits de l'homme du Malawi sur les réalités vécues par les personnes LGBT et intersexes restent inconnus, avec des rapports indiquant que la discrimination LGBTQ+ et la violence quotidienne contre les personnes LGBTQ+ persistent. Bien que le Canada ait décriminalisé les relations sexuelles consensuelles entre personnes de même sexe en 1969 et qu’il ait fait des progrès au nom des 2SLGBTQIA+ grâce à l'égalité du mariage et d'autres mesures, les jeunes 2SLGBTQIA+ du Canada continuent de subir des VBG. En 2019, 63 % des jeunes trans et non binaires ont subi du harcèlement sexuel. En 2021, 77 % des élèves autochtones 2SLGBTQ ont déclaré avoir subi du harcèlement à l'école, tandis que 30 % des jeunes 2SLGBTQ ont été victimes de cyberintimidation, contre 8 % des jeunes cisgenres hétérosexuels (Projet SAFER, s.d.).
L'une des activités du projet était un sommet jeunesse organisé de façon collaborative à Toronto, en juillet 2025. Le sommet a réuni des jeunes 2SLGBTQ+ du Canada et du Ghana pour apprendre les uns des autres et d'autres facilitateur·trices et artistes. Le sommet a été organisé par un comité consultatif de jeunes (CCJ) 2SLGBTQIA+, suivant le principe de « par les jeunes queer et trans, pour les jeunes queer et trans », et soulignant l'importance de l'action collective dans les communautés marginalisées. Nous avons beaucoup appris sur l'engagement du public grâce à ce processus, et ce qui nous a frappés, c'est la façon dont les jeunes impliqués dans l'organisation du sommet ont pu assumer des rôles de leadership et partager leur sagesse avec leur communauté.
En laissant le CCJ prendre les devants, ils ont développé leurs compétences pour en faire bénéficier d'autres jeunes queer et trans, y compris les jeunes queer et trans internationaux qui faisaient partie du projet et ont assisté à la conférence. Ils ont soulevé des questions importantes qu'ils estimaient devoir faire partie du sommet, ce qui a enrichi son contenu. En tant que jeunes qui comprennent la VBG au sein de leurs communautés, ils ont travaillé dur pour s'assurer que le sommet aborde des questions contextuellement pertinentes. En travaillant sur ce projet, le CCJ a souligné l'importance d'utiliser l'art pour rassembler les gens et favoriser la guérison.
Alors, qu'avons-nous appris de cette expérience sur ce à quoi l'engagement du public pourrait ressembler ? Les espaces « par la communauté, pour la communauté » aident à renforcer la communauté et à promouvoir l'inclusivité. Lorsque la communauté est au cœur du travail, nous sommes en mesure de créer des relations plus fortes et plus solidaires les uns avec les autres. En fin de compte, en permettant au CCJ d'organiser et de diriger le sommet, nous avons été témoins de la joie queer tout au long de l'événement, et cette joie a été partagée entre les jeunes queer et trans locaux et internationaux. Cette expérience nous a rappelé l'importance de la joie queer comme force motrice de notre travail d'engagement du public. Elle nous a également rappelé la valeur et le besoin essentiel de solidarité mondiale et de libération collective dans le travail de justice sociale. Ce projet n'aurait pas été possible sans la collaboration et la solidarité avec nos partenaires internationaux, et le travail que nous avons produit ensemble a bénéficié aux jeunes qui ont organisé et assisté au sommet. Cette collaboration nous a beaucoup appris et nous continuerons à mettre en pratique ces apprentissages dans nos projets futurs.
Au Canada, on utilise l'acronyme « 2SLGBTQIA+ » pour souligner l'évolution du langage et refléter la diversité qui existe ici. Cependant, dans d'autres contextes, les auteurs utilisent une terminologie différente, adaptée au contexte. Nous avons cité leurs termes lorsque cela était pertinent, sans vouloir effacer l'identité ou les expériences de qui que ce soit.
Ari Para (iel) est agent·e de projet chez Wisdom2Action, basé·e à Scarborough sur le territoire traditionnel de nombreuses nations, notamment les Mississaugas de Credit, les Anishinaabe, les Haudenosaunee et les peuples Wendat.
Dennis Stuebing (il/lui) est directeur général et copropriétaire de Wisdom2Action, basé sur le territoire traditionnel et non cédé des Mi'kmaq à Kentville, en Nouvelle-Écosse. Dennis est un gestionnaire de projet et analyste de politiques expérimenté qui a travaillé au sein du gouvernement et d'organisations de la société civile. Son travail, au Canada et à l'étranger, s'est concentré sur les droits des enfants, la protection de l'enfance, le développement international et l'aide humanitaire.
Références
Malawi: Letter to human rights commission re public inquiry into LGBTI rights. Human Rights Watch. (2020, October 28).
State-sponsored homophobia report. ILGA World. (2020).
Being Safe Being Me (2019) and Still in Every Class In Every School (2021) as quoted in the SAFER Project. (n.d.).