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Monica et son travail en Tanzanie

Auteur | février 21, 2021

Une réalité se dérobant à la plupart des regards, mais bien visible pour les jeunes femmes : les répercussions de la COVID-19 en Tanzanie

Par Monia Kurumbe, travailleuse sociale au Ereto Maasai Youth (EMAYO), organisme partenaire de l’organisme de bienfaisance canadien Kesho Trust.

En Tanzanie, personne ne prête une oreille attentive lorsqu’il est question de la COVID-19 et des mesures sanitaires nécessaires pour la combattre, telles que la distanciation sociale ou le port du masque. Depuis la fin du mois d’avril, la vie en Tanzanie se poursuit normalement. Le 29 avril, le pays a été déclaré exempt du virus. Aucune autre donnée officielle n’a été publiée depuis. Mais les répercussions de la pandémie ont toutefois traversé les frontières du pays, celui-ci dépendant de l’étranger dans de nombreux secteurs, comme le tourisme et le commerce. L’industrie du tourisme, qui représente environ 17,6 % du PIB national, a été particulièrement déstabilisée, ce qui a grandement atteint les employé·e·s du secteur.

En œuvrant auprès des jeunes femmes et filles en tant que travailleuse sociale, j’ai pu constater les obstacles rencontrés par celles qui travaillent sur l’ile de Zanzibar, une destination touristique de renommée internationale. Samira est l’une des jeunes femmes actuellement aux prises avec les conséquences de la baisse du tourisme causée par la COVID-19. Avant le début de la pandémie, elle était employée comme serveuse dans un hôtel sur l’ile de Zanzibar. Grâce à cet emploi, elle subvenait aux besoins essentiels de sa famille tout au long de l’année. Quand la pandémie a frappé, entrainant la fermeture des hôtels et des plages, elle s’est vue obligée de rentrer chez elle. Ayant perdu à la fois son salaire et les prestations qui lui revenaient, Samira n’était plus en mesure de pourvoir aux besoins de sa famille.

Après plusieurs mois de chômage, Samira* s’est mise à chercher du travail dans la ville voisine, connue sous le nom de Songe. Elle y a subi des abus sexuels, comme c’est le cas de nombreuses autres jeunes tanzaniennes sujettes aux violences sexuelles de la part d’hommes qui profitent de leur situation. Elle m’a un jour raconté : « Je suis allée dans un bureau, dans la ville voisine, pour demander à rencontrer le patron. Lorsque je l’ai interrogé à propos d’une annonce d’emploi, il m’a dit de lui laisser mes coordonnées. Plus tard ce jour-là, il m’a appelée, non pas pour me parler de ma candidature, mais pour demander de le rejoindre à un hôtel. Il a ajouté que si je lui donnais ce qu’il voulait, il envisagerait de m’engager ».

Samira m’a expliqué que, même si l’idée d’aller le voir l’effrayait, elle avait besoin de travailler. L’histoire s’est mal finie : bien que Samira ait accepté la demande du patron, celui-ci n’a pas considéré sa candidature, puis il a cessé de répondre à ses appels.

En raison de la pandémie de la COVID-19, de nombreuses jeunes femmes tanzaniennes comme Samira traversent une période difficile. Le travail se fait rare, du fait du confinement et de la détérioration de la situation économique. Plus que jamais, les femmes doivent aujourd’hui se serrer les coudes et s’entraider. Samira n’est toujours pas en mesure de nourrir sa famille, de couvrir les dépenses liées à son foyer ou de payer ses autres factures. Je crains personnellement que des hommes occupant des postes supérieurs, placés en situation de pouvoir, continuent à abuser de jeunes femmes qui, comme elle, sont désespérément à la recherche d’un emploi.

En Tanzanie, des stratégies locales peuvent offrir des solutions, comme de s’appuyer sur le capital social, des relations saines et le soutien de la communauté. Il est important d’apprendre à connaitre son voisinage et sa communauté, de parler avec son entourage et d’offrir son appui dès que possible. Il vaut toujours mieux de prendre la parole plutôt que de se taire. Ensemble, nous pouvons nous entraider et de lutter contre la pandémie de la COVID-19.

*Le nom a été changé afin de préserver l’anonymat de la personne.

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