Un esprit de bienveillance, de compassion et d’écoute active dans le secteur sans but lucratif au temps de la COVID-19
par Sinethemba Dlamini, journaliste et présentatrice, le diffuseur national, Royaume d’Eswatini
La conversation sur « L’évolution du contexte de l’engagement du public et de l’éducation à la citoyenneté mondiale » est arrivée à un moment où, comme journaliste, j’essayais de trouver des moyens novateurs de faire mon travail malgré les défis présentés par l’éclosion de la pandémie de COVID-19. La pandémie a entraîné des changements dans notre vie quotidienne, mais cela ne rend pas notre travail moins important pour autant. En tant que personnes oeuvrant dans le développement des communautés, en particulier dans le secteur à but non lucratif, nos publics comptent encore plus sur nous aujourd’hui que par le passé. Ce que je retiens le plus de ma participation à ce webinaire comme animatrice, c’est ceci : en dépit de ce qui se passe dans le monde, et indépendamment du sexe, de la race, du statut social, de l’affiliation, de l’orientation sexuelle et d’autres facteurs sociodémographiques, ce dont les personnes ont le plus besoin, c’est d’être entendu. Je ne saurais trop insister là-dessus. Ça, pour moi, c’était le fil conducteur des présentations faites par toutes les panélistes. Pour faire le travail que nous faisons de manière efficace, nous devons écouter. Nous devons avoir de la compassion et, plus important encore, nous devons comprendre que nos besoins sont aussi divers que les étoiles dans le ciel, et que la bienveillance, l’ouverture d’esprit, l’esprit d’apprentissage et le travail en vue de l’égalité demeurent essentiels.
Réflexion féministe sur l’engagement du public et l’éducation à la citoyenneté mondiale en ligne à l’ère de la pandémie
par Sydney Piggot, directrice des programmes et projets, YWCA Canada
De participer à la récente discussion du Réseau de coordination des conseils sur l’engagement du public et l’éducation à la citoyenneté mondiale a renforcé pour moi l’idée que nous sommes tous interreliés, même lorsque nous sommes confinés à la maison pendant des semaines. Les panélistes et les participant-e-s se sont joints à nous à partir de différentes régions du Canada et du monde pour parler de ce que cela signifie de faire ce travail pendant un changement de paradigme causé non seulement par la pandémie de coronavirus, mais aussi par une sensibilisation accrue aux injustices auxquelles sont confrontées un si grand nombre de collectivités à l’heure actuelle. Qu’il s’agisse de la violence de l’État contre les personnes noires et les Autochtones, la violence fondée sur le genre ou le manque d’accès à Internet et à la technologie, il ne fait aucun doute que les gens ont découvert les réalités de celles et ceux qui sont vulnérabilisés. Dans ce contexte, l’engagement du public et l’éducation à la citoyenneté mondiale deviennent encore plus importants, mais comment pouvons-nous nous assurer que les espaces que nous créons soient inclusifs, accessibles et donnent la parole aux personnes les plus touchées par ces inégalités ?
Avoir l’occasion de partager mes idées et d’apprendre de ces incroyables panélistes qui se sont jointes à moi a été précieux pour m’aider à répondre à cette question. Le point de vue et les expériences de chaque personne a rendu nos solutions collectives plus riches. Les trois principaux messages que j’ai transmis aux participant-e-s ont été les suivants :
Rendre à César ce qui appartient à César. Les mouvements sociaux n’émergent pas du jour au lendemain. En tant qu’éducatrices et éducateurs et que défenseures et défenseurs, il est important de connaître nos racines et de les reconnaître. En nous appuyant sur le travail incroyable des gens qui sont venus avant nous et de ceux qui travaillent à nos côtés, nous renforçons ces mouvements.
Posez-vous la question suivante : qui n’est pas en mesure d’être ici ? Alors que nous opérons de plus en plus une transition vers des espaces virtuels pour effectuer notre travail, nous devons faire un effort pour comprendre comment ces espaces sont inaccessibles ou non sécuritaires pour plusieurs personnes. Le monde numérique est un miroir du monde physique et reproduit les mêmes systèmes d’oppression qui excluent de nombreuses communautés. Nous devons continuer à nous attaquer à ces inégalités — comme la pauvreté, le racisme, le colorisme, le capacitisme, la transphobie, l’homophobie, etc. — en ligne comme nous le faisons en personne.
Prenez le temps de vous informer d’abord. Notre environnement change rapidement et ce que nous avons peut-être accepté comme « normal » il y a quelques mois ne correspond plus nécessairement à notre réalité. Avant de vouloir éduquer d’autres personnes, nous devons nous éduquer nous-mêmes en écoutant les personnes qui sont les plus touchées par les injustices parler de leurs expériences. Nous devons faire un effort concerté pour répondre aux besoins qui nous sont présentés par les personnes qui vivent ces expériences, et non en nous fondant sur nos hypothèses par rapport à ce qui fonctionne le mieux.
J’ai hâte de voir ces solutions être mises en pratique et de continuer à apprendre comment mieux faire l’engagement du public et l’éducation à la citoyenneté mondiale.
Une perspective du Sud sur l’évolution du contexte de l’engagement du public
par Joel Simpson, directeur général, cofondateur, de l’Organisation contre la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle (SASOD) en Guyane
La perspective du Sud est une approche unique pour examiner les défis d’un pays en développement comme la Guyane. Ces défis comprennent la disponibilité d’une technologie abordable et des lacunes au chapitre de l’accès à ces technologies exacerbées par les infrastructures, en particulier pour les communautés rurales et autochtones. Tout ça s’ajoute à des taux élevés de pauvreté et de chômage chez les jeunes qui posent déjà de grands défis dans notre contexte. Dans ce contexte, les communautés marginalisées, en particulier les communautés LGBTQ+ et d’autres groupes vulnérables, sont confrontées à de multiples défis intersectionnels.
SASOD Guyane a mené récemment un sondage quantitatif transversal afin de comprendre l’impact de la pandémie de la COVID-19 sur les personnes LGBTQ+. Sur un total de 265 répondant-e-s, 70 % ont déclaré avoir perdu leur emploi ou ont vu leurs heures de travail réduites. Les préoccupations liées à l’insécurité alimentaire sont devenues le point de mire de nos efforts de secours pendant la pandémie — un changement important alors que c’est le service de soutien psychologique qui était parmi les plus utilisés avant la pandémie. Nous avons également constaté que la principale source d’information de la majorité des gens sur la pandémie de COVID-19, et de manière générale, était les médias sociaux.
En gardant tout ça à l’esprit, l’évolution du contexte de notre nouvel environnement et la nouvelle normalité présentent pour nous des avantages et des inconvénients. En Guyane, bien que cela coûte moins cher d’organiser des activités d’engagement en mode virtuel, la pénétration limitée de l’Internet, en particulier dans les collectivités rurales, signifie qu’il n’y a que très peu d’engagement avec ces communautés. La participation se limite principalement à des gens en milieu urbain. La pénétration limitée de l’Internet peut également avoir une incidence sur le nombre de participant-e-s à ces activités d’engagement virtuelles, puisque nous avons remarqué que la participation à nos événements virtuels est plus faible, ce qui est contraire aux tendances observées dans les pays plus développés.
Ce que nous retenons de tout ça, c’est qu’alors que nous nous adaptons au nouvel environnement, il faut s’assurer de faire des écarts importants d’accès à la technologie une priorité de notre engagement avec les collectivités du Sud. Nous espérons mettre en œuvre un projet pilote visant à fournir du matériel, comme des prêts de tablettes et d’autres ressources, à nos bénéficiaires afin de contribuer à réduire cet écart. De plus, les économies de coût réalisées grâce à l’organisation d’activités d’engagement virtuelles libèrent des ressources qui peuvent être réorientées vers les efforts de secours communautaires pendant et après la pandémie.
L’espace éthique et l’approche à double perspective : mettre les perspectives autochtones au cœur de l’engagement du public à l’ère de la pandémie
par Shaelyn Wabegijig, coordonnatrice du bureau et de la sensibilisation, coordonnatrice d’un projet, faire progresser les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030, Kawartha World Issues Centre (KWIC)
Je suis très honorée et reconnaissante d’avoir pu prendre part à ce webinaire de discussion sur l’engagement du public et l’éducation à la citoyenneté mondiale en ligne avec des communautés diverses. Merci à l’équipe du RCC, avec qui c’est fantastique de travailler, à l’éloquente animatrice et aux brillantes intervenantes qui m’ont beaucoup appris.
Il était opportun de discuter de ce sujet dans le contexte en évolution rapide que nous connaissons actuellement. L’éventail des sous-thèmes abordés par les panélistes a permis de traiter en profondeur de ce vaste sujet dans le cadre d’une discussion ouverte et honnête dont je vais toujours me rappeler. J’ai une grande admiration pour leur travail et leur capacité de partager leur sagesse pour impulser le changement dans une société qui continue de marginaliser et de réduire au silence certains groupes de personnes.
En tant que dernière intervenante, j’ai emboîté le pas aux autres en reconnaissant d’abord mon propre positionnement. Pour moi, cela comprend mon privilège blanc, mon baccalauréat en études et philosophie autochtones, mes trois ans de travail dans le secteur à but non lucratif à faire du plaidoyer en faveur de la justice sociale et environnementale, l’expérience de ma famille algonquienne dans les pensionnats autochtones et ma vie sur une réserve, qui font partie des relations et des expériences qui façonnent mon point de vue.
Lorsqu’on parle de l’engagement des communautés autochtones au Canada, je m’assure d’abord de reconnaître toute la diversité qui se cache derrière le terme « autochtone ». Il fait référence à des personnes qui sont indissociables de l’endroit où ils vivent. Toutes les perspectives et expériences autochtones sont uniques, et elles sont intersectionnelles (terme inventé par Kimberlé Crenshaw).
J’ai aussi reconnu que l’engagement en question vient de la société occidentale qui tente de faire de l’espace pour les perspectives des peuples autochtones sur le monde. Le plus souvent, les processus organisationnels sont dominés par la société occidentale, et l’engagement des Autochtones est exclu des principaux programmes et activités.
Être en mesure de mobiliser des perspectives multiples permet un engagement significatif. Le terme « espace éthique » a été inventé par le philosophe autochtone Willie Ermine, de la Première Nation de Sturgeon Lake. L’espace éthique de
l’engagement est un cadre qui examine la diversité et le positionnement des peuples autochtones et de la société occidentale.
La collaboration entre les visions du monde occidental et autochtone est bien résumée par le terme Etuaptmumk — l’approche à double perspective, proposée par l’aîné micmac Albert Marshall. De manière générale, cette approche signifie d’utiliser les forces de deux visions du monde ensemble.
Identifier les défis et répondre à ces besoins sont essentiels à la participation des peuples autochtones. Voici certains de ces défis :
- Capacité insuffisante —les dirigeant-e-s autochtones sont en forte demande ;
- Sous-financement des collectivités — p. ex. l’accès à des aliments à prix abordable, à des logements, à l’eau potable. Cela conduit à des situations de crise ;
- Situations de crise — être axé sur la survie. p. ex. les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, la toxicomanie, le suicide, etc. ;
- Collectivités isolées – moins d’accès aux ressources nécessaires pour pouvoir s’engager.
Bien que l’engagement puisse être difficile, la pédagogie autochtone a beaucoup à offrir à tous les secteurs de la société. Les cultures et les langues autochtones sont intemporelles, fondées sur la loi naturelle de la terre. Faire de l’espace pour les paradigmes autochtones ouvre de nouvelles voies pour vivre les uns avec les autres et avec le monde naturel.
Si vous souhaitez engager les communautés autochtones, voici mes conseils :
- Éduquez-vous : allez à la recherche de sources crédibles et écoutez les voix autochtones ! Participez à des programmes de formation et proposez-les à votre employeur. Trouvez les protocoles des communautés en ligne ou communiquez directement avec elles. C’est correct de ne pas savoir, en autant que vous approchiez l’apprentissage avec ouverture, respect, honnêteté et humilité.
- Bâtissez des relations : passez du temps avec les peuples autochtones. Plus vous aurez de bonnes relations, mieux vous les comprendrez.
- Soyez sensible au contexte : collaborez de manière significative avec les peuples autochtones pour codévelopper des programmes et des activités qui sont culturellement appropriées.
Je vous remercie d’avoir pris le temps de me lire, chi miigwetch !
Renforcer l’engagement en ligne des jeunes à l’ère de la pandémie
par Lesley Tetteh, défenseure de la jeunesse, la plateforme des jeunes décideuses et décideurs politiques de l’Ontario Council for International Cooperation (OCIC)
Ce fut un honneur de participer au webinaire du RCC de cette année. Ma participation en tant que panéliste a été une belle occasion de rencontrer ces gens brillants et accomplis près desquels j’étais assis. Sydney, Joel et Shaelyn sont toutes des personnes exceptionnelles de qui j’espère continuer à apprendre. Sinethemba a été excellente dans son rôle d’animatrice ; sa capacité à analyser nos idées m’a permis de mieux relier les perspectives que j’ai partagées avec les solutions présentées par les autres. Mon objectif lors de ma présentation était de rendre l’expérience personnelle. En rendant cette expérience personnelle, j’ai tenté de rendre l’engagement du public en tant que jeune encore plus incontournable pour celles et ceux qui continuent de chercher des façons de s’impliquer. Plus important encore, participer à ce panel fut pour moi une occasion d’apprentissage. Mes collègues panélistes ont toutes partagé des perspectives qui se rejoignaient entre elles et qui m’ont permis de pousser ma propre réflexion, me motivant à accroître la diversité dans mon travail et mon leadership.
Au temps de la COVID-19, il est particulièrement important de rester engagé. Bien que la pandémie présente des obstacles à l’implication, des organisations comme le RCC travaillent avec diligence pour faire en sorte que les gens puissent continuer à participer dans les limites de leurs capacités. Comme je l’ai mentionné lors du panel, je crois qu’il est particulièrement important pour les jeunes de rester présents dans le renforcement des capacités, l’engagement du public et l’éducation à la citoyenneté mondiale dans les limites de ce qu’ils peuvent faire. Bien qu’il existe encore beaucoup d’incertitude liée à cette pandémie, il est essentiel pour les jeunes de faire entendre leurs voix dans le cadre des discussions entourant la sensibilisation, l’éducation et l’action, tout en donnant la priorité à leur santé, leur sécurité et leur identité au sein de notre cohorte. En tant que jeunes, nous occupons une très grande place sur la planète et nous tracerons le chemin vers l’avenir en avançant en tant qu’unité globale. S’assurer que toutes les personnes — des communautés jusqu’au niveau des directions — travaillent à favoriser la participation des jeunes est l’une des premières et des plus importantes étapes dans la reconstruction d’un monde post-COVID-19.
Je me réjouis à l’idée de garder le contact avec toutes les personnes qui étaient présentes lors de cet après-midi spécial. Je suis reconnaissante à toutes celles et ceux qui ont contribué à rendre cet engagement possible.